Ecriture

    

Le roman « L’Esthétique de la mort », écrit pour la première fois en Roumanie est la quête d’une vie. En 1990, peu avant son décès, il tente de le récrire complètement, mais l’œuvre restera inachevée, sur une construction totalement ouverte. Le récit peut continuer à l’infini.

Ce manuscrit réunit la totalité de l’âme de l’artiste. Dans une démonstration allégorique et mélodieuse, il nous entraîne sur un chemin initiatique où s’affrontent, se mélangent et se réunissent religions, métaphysique et réalité du quotidien. Il nous pousse à réviser la philosophie et à rire de nos déviances. Il explore la grandeur de l’âme et de l’esprit et les ponctue de détails qui nous projettent sans ménagements dans nos bassesses, nos vices et nos faiblesses.

CIOBANU nous démontre dans ces pages sa capacité d’observation et d’introspection. Il nous démontre comment cette démarche, qui est la sienne, offre à l’être humain la possibilité de vivre complètement le présent, sans oublier qu’il est « la totalité » du chemin parcouru et « rien » sans celui qui lui reste à découvrir.
Au travers de ces pages, c’est un univers pictural, architectural et musical qu’il nous invite à visiter, à détester et à aimer. Au fil du livre, il est possible que chacun se reconnaisse et, si vous savez rire de vous-même, vous serez capable de vous aimer et alors, vous adorerez ce livre.


Extraits de la préface signée par Alex Stefanescu lors de la parution roumaine, aux éditions Masina de scris, Bucarest, 1995


« Qu’est-ce que l’Esthétique de la mort ? C’est une satire à l’adresse de la civilisation du vingtième siècle, un conte cruel, swiftien, un faux traité de salut de l’âme au milieu d’un monde insensé, une époque parodique, fantaisiste, débitée dans une cuisine fabuleuse, une apocalypse moderne, un inventaire funambulesque, un poème grandiose plongé dans les marécages de la prose, un testament spirituel, une décharge spasmodique de la mémoire, un cri de désespoir, un jeu. Aucun théoricien de la littérature ne pourrait classifier un tel texte.

Le livre s’ouvre sur les conseils culinaires que l’habile cuisinier Zahek donne à un de ses apprentis, Zacharie (des conseils consignés – comme il ressort à un moment donné – par le chien Hasdrubal, muet, en parfait greffier). Mais très vite, on se rend compte que les recommandations de Zahek dépassent la sphère de la gastronomie et sont inapplicables :
« … la première chose que tu dois accomplir c’est de recueillir l’eau des matins brumeux sur les lèvres des fleurs aux pétales bleues et de celles-là seulement. Cette rosée que tu recueilliras pendant 45 jours de suite, tu la verseras ensuite dans un récipient d’argile que tu conserveras dans le cellier sous une cloche de verre réalisée selon les plans de l’église Saint-Pierre (…) ». Les conseils culinaires se transforment donc en poème et le poème, peu après, devient une diatribe impitoyable :
« Dans le tiroir de la table à hacher, au-dessus de la poubelle, abrite les philosophes athées (…), tu conserveras Marx, Engels, Feuerbach et Lénine dans le tiroir des couperets (…) », etc..

    

« CIOBANU dit » de Patrick Ferla, paru aux éditions Pierre-Marcel Favre, Lausanne 1985


En 1985, le journaliste suisse Patrick Ferla réalise un livre-interview de celui que l’incontournable Katia Granoff définissait comme « un expressionniste latin » en précisant que «…sa peinture se présente non pas dans le vent d’une mode éphémère, mais comme un grand art, qui s’abreuve à la source vive du fleuve pictural qui traverse les climats et les temps, dans la lignée d’un Greco et d’un Goya. Patrick Ferla, sensible au mystère que dégage l’artiste, décide de le confronter à Proust. Il en naît ce livre « CIOBANU dit », dans lequel il répond en homme et en esthète aux interrogations de celui qui s’est lancé un jour à la recherche du temps perdu. CIOBANU s’explique avec virulence sur les rapports entre l’art et l’argent et donne sa version d’un mot ambigu : le succès. Il révèle ce qui le pousse à s’emparer d’une toile et à laisser naître peu à peu sous son pinceau les personnages qui l’habitent et dont il assure qu’ils étaient déjà là, à l’attendre derrière.
L’artiste nous emmène de l’autre côté du décor, bien au-delà de la toile et des mots.


Extraits du livre :
« Votre peintre favori ? - Moi. - Réponse complètement banale : moi. Vous est-il arrivé de prêter, à des amis par exemple, l’une de vos toiles ? - Jamais. Parce qu’une toile ne se prête pas. Parce que mes toiles ne m’appartiennent pas. Vous allez me dire que je vends mes toiles et je vous répondrai qu’une toile est une entité immatérielle. Tout comme l’est l’être humain. Même s’il lui arrive parfois de se matérialiser. Dans ce cas là, le magicien, le prestidigitateur qui parvient à cette matérialisation, c’est le peintre. Moi, je ne vends rien du tout. Je reçois la paye. Qui a sa logique à elle. Qui entre et fait partie d’un système. Je reçois le salaire pour le temps que j’ai dépensé à se faire matérialiser l’être Vivant. Et c’est une sale besogne. (…) Le constructeur de la cathédrale de Chartres recevait la paye pour le temps qu’il dépensait afin de laisser passer l’esprit divin aux yeux de l’humanité. Mais, il n’imprégnait pas le temps de son nom comme on le fait aujourd’hui. (…)

L’or de l’alchimiste

Image