En mai 2014, lors du salon BookFest de Bucarest, les éditions ALLFA ont lancé mon livre de Mémoires, intitulé « L’Or de l’alchimiste – le peintre Ciobanu par delà la forme et la couleur ».
Le titre du livre est emprunté à un article sur le peintre Ciobanu du journaliste suisse Gilbert Salem et publié dans le quotidien « 24 Heures », à Lausanne, en février 1984.
Ce livre peut être acheté dans les librairies roumaines ou sur les sites : www.all.ro et www.elefant.ro.
Afin que les visiteurs du site www.ciobanu.ch puissent saisir le contenu du livre, nous reproduisons quelques extraits de la Préface signée par le collectionneur bucarestois Ioan Popescu, traduits par Oana Barsan.
« Les Mémoires publiées par la journaliste Ada-Michaela Ciobanu, la veuve du peintre Mircea Ciobanu, démarrent d’une manière douce et un peu romancée. Rien n’annonce encore l’aspect dramatique des faits qui vont être présentés dans les pages du livre « L’Or de l’alchimiste ». Car, rien n’est plus idyllique que la rencontre entre deux jeunes éduqués, beaux et talentueux, qui se trouvent au début de leur vie d’adultes, à l’âge des grandes aspirations ! Mais, au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire, le lecteur perçoit l’intensité grandissante des souvenirs comme l’eau d’une rivière de montagne qui coule à flots impétueux, accrue de ses affluents. (…)
« L’Or de l’alchimiste » nous amène, il me semble, dans les neuf cercles de l’Enfer de Dante. Il nous présente, parfois avec de la candeur, mais le plus souvent avec de l’objectivité et du talent, le parcours de l’artiste dans un monde nouveau - inconnu pour ceux qui venaient des pays de l’Est de l’Europe - un monde où les chemins, apparemment pavés de bonnes intentions, étaient en réalité parsemés de pièges. La vie qui semblait couler tranquillement aux débuts du parcours occidental a commencé, peu à peu, à connaître les obstacles et le tumulte d’une rivière de montagne qui, s’acheminant vers la mer, heurte avec bruit tout ce qu’elle rencontre sur le trajet : faux mécènes, escrocs petits ou grands, avocats rapaces, amis prêts à tromper la confiance, profiteurs de toutes sortes, mais également des êtres lumineux qui, en raison de leur attitude, ont fait que cette rivière de la vie des héros principaux connaisse en même temps des périodes paisibles.
La seconde partie des Mémoires s’accroit des nuances d’une dramaturgie pleine d’amertume et d’espoir. Des personnages étranges surgissent et disparaissent dans les pages du livre, des monstres impatients de s’enrichir sur le dos de l’artiste, des individus qui volent tout simplement le fruit de son travail, transformé en chèques en blanc, la seule manière pour eux de comprendre l’art de Ciobanu. Ce grouillement généré par les liens diaboliques créés entre l’artiste et sa « cour » d’admirateurs changera le cours de la rivière de sa vie en un tumulte bruyant et dangereux qui lui sera, finalement, fatal.
D’un autre point de vue, l’auteur surprend en décrivant avec une minutie remarquable le trajet initiatique des deux jeunes échappés du régime dictatorial dans leur cheminement vers la liberté. Car, à quoi pourrait ressembler cette immersion avec la vie dure dans l’Eden ô, combien rêvé et la confrontation avec le monde hétéroclite de ce parcours, sinon à une série d’initiations ? Les jeunes, Michaela et Mircea Ciobanu ont croisé sur leur chemin des mafieux et des professeurs, des avocats et des concierges, des francs-maçons et des architectes, des médecins et des hommes de radio et de télévision, des journalistes et des critiques d’art, de grands marchands et beaucoup d’hommes d’affaires cupides, des personnages féminins qui nous font penser à la nymphe Circé et des profiteurs mesquins, vendeurs de savon et immigrés de toutes origines …
En parcourant ce témoignage sur celui qui a été Mircea Ciobanu, peintre, sculpteur, graphiste, philosophe et essayiste, le lecteur pourra constater que son héritage ne représente pas autre chose qu’une suite de messages inscrits dans ses œuvres mêmes. Les personnages qui peuplent son œuvre se transforment d’une année à l’autre en devenant plus complexes et porteurs de messages de plus en plus dramatiques. Le cheminement initiatique de son devenir artistique qui l’a porté de Bucarest à Bruxelles, de Lausanne à Paris, de Genève à Sao Paolo, de Bâle à New-York est décrit dans ce livre avec respect pour son immense œuvre. Car Mircea Ciobanu a laissé en héritage à la postérité une œuvre artistique impressionnante, non seulement par sa valeur intrinsèque, mais aussi par son ampleur.
À la lecture de cet ouvrage les amateurs d’art roumains vont enfin trouver des réponses aux questions qu’ils se posent. Il était peut-être temps que toutes les anecdotes et les légendes qui circulaient dans les milieux artistiques bucarestois sur le destin de Mircea Ciobanu, sur sa vie privée ou sur sa carrière artistique, soient contredites une fois pour toutes par un récit qui émane de l’intérieur, de l’intimité même de sa vie d’homme et d’artiste. Un fait se remarque sans équivoque en lisant ce livre : Mircea Ciobanu a brûlé sur le bûcher de la dévotion pour son métier. Il n’a jamais accepté de compromis sur le plan professionnel et a vécu toujours de son art, tant en Roumanie qu’à l’étranger. À la fin de ce livre, le lecteur aura enfin compris le cheminement de cet homme et artiste envié, décrié et controversé.
Les œuvres créées ces dix ans de vie en Occident, témoignage des vérités contenues dans ce livre, constituent de vrais avatars de l’existence de l’artiste. Néanmoins, le lecteur peut ressentir de la frustration de ne pas avoir plus d’informations sur la destinée des œuvres réalisées par Mircea Ciobanu en différentes techniques, dont une partie impressionnante a été transportée aux Etats-Unis. Beaucoup d’autres questions demeurent encore sans réponse : combien de tableaux se trouvent en la possession de la famille et combien en la possession d’institutions privées ou publiques ? Où sont maintenant les sculptures en bronze et les sculptures en bois couvert de feuilles d’or épaisses ? Qui bénéficie maintenant des efforts surhumains faits par l’artiste ? Que reste-t-il de tout cet héritage spirituel et matériel ? Que sait-on encore de tout cela aujourd’hui, plus de vingt ans après la disparition de cet authentique Créateur ?